Elle s’appelle María, Bintou, Alison, Suzanne ou encore Priya. Elle est hondurienne, sénégalaise, canadienne, rwandaise ou indienne.
Elle est professeure, mère au foyer, docteure, étudiante ou athlète.
Elle, à travers sa condition de femme fait partie des 35%[1] de femmes et de filles qui sont exposées à une forme de violence physique ou sexuelle durant leur vie.
Elle, pour être née de l’autre sexe, fait partie des 7 femmes sur 10[2] qui sont victimes d’abus dans certaines régions du monde[3].
Elle, pour être née petite fille, pauvre ou riche dans une société où persiste encore au XXI siècle des coutumes et rituels archaïques et considérant la femme comme un être inférieur, incapable de prendre des décisions importantes concernant sa propre vie, de jouir de son propre corps, fait partie de plus de 700 millions[4] de femmes mariées et qui sont encore des enfants.
Elle, pour avoir vu le jour dans un pays en proie à la guerre civile, où les atrocités commises dépassent l’entendement, la rationalité humaine, où femmes et petites filles sont devenues la cible de belligérants dénaturés de tout humanisme, prenant leurs corps, leurs âmes sans sourciller dans les collines verdoyantes, les églises sacrées, les rues étroites et les maisons colorées.
Elle, pour avoir décidé d’embrasser une carrière professionnelle loin des chemins traditionnels réservés aux femmes, fait partie des 40 à 50%[5] des femmes de l’Union européenne qui ont fait état d’une forme ou d’autre de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail.
Elle, pour être jeune, indépendante, pleine de joie de vivre, dans les villes de San Pedro Sula, Tegucigalpa ou la Ceiba, viendra s’ajouter à ces 274[6] femmes qui ont été assassinées brutalement et froidement en l’espace d’une année. Comme si leur vie, leur histoire, leur futur ne valaient pas plus qu’un centime de lempira et que l’on jette sans hésitation dans un coin car sans valeur réelle. N’apportant pas plus pas moins.
La violence à l’égard des femmes n’a ni frontières, ni couleurs, ni classes sociales. En temps de paix comme en temps de guerre, sous le soleil éclatant comme dans la pénombre de la nuit, elle tombe de tout son poids comme un couperet sur les femmes, les petites filles, les femmes âgées, les femmes handicapées physiques, mentales, les grosses, les maigres.
Et pourtant, la violence contre les femmes, fruit amère et sanguinaire d’une discrimination à l’encontre des femmes pour être née de sexe FÉMININ est un crime contre les droits humains.
Peu importe sous quel manteau elle se réalise : violence physique, émotionnelle, sexuelle ou économique.
Peu importe où elle se faufile : à l’école, au bureau, dans la chaleur du foyer, dans la froideur des prisons.
Peu importe où elle a lieu : au Nord, au Sud, à l’Est, à l’Ouest, au Centre.
Peu importe si elle est Libérale, Démocrate, Républicaine, Conservatrice, de Gauche ou de Droite.
Peu importe si elle se couvre d’un Keffieh, d’une Kipa, d’un Kufi ou de la calotte blanche.
La violence contre les femmes et les filles doit être condamnée par TOUS et TOUTES sans exceptions. Car on ne peut et on ne doit accepter en ce XXI siècle où l’humanité a atteint des niveaux développement et connaissances scientifiques exceptionnels, que l’on continue de maltraiter, violer, agresser, tuer, humilier, mettre en esclavage sexuel et mental et discriminer de par le monde des femmes et des petites filles pour la simple raison qu’elles soient nées de l’autre sexe.
Par Annick Flore Gnonssie,
Conseillère en égalité de genre et renforcement organisationnel, Honduras,
[1] ONU Femmes: http://www.unwomen.org/fr/news/in-focus/end-violence-against-women
[2] Ibid.
[3] Ibíd.
[4] Ibíd.
[5] Ibíd.
[6] Rapport de l’Université Autonome du Honduras sur les violences, 30 janvier, 2015.