Par Alexis Mendoza, stagiaire PSIJ
Honduras
Le phénomène migratoire provenant d’Amérique centrale existe depuis déjà plusieurs années. Cependant, une nouvelle catégorie a récemment vu le jour, soit celle des migrants climatiques. Les événements météorologiques de plus en plus puissants et récurrents incitent un nombre important de Honduriens à quitter leur pays d’origine.
En effet, dans un article de France 24 on avance que, « depuis 2014, une terrible sécheresse affecte la région. Un problème aggravé par l’exploitation des ressources naturelles au profit de mégaprojets miniers ou hydroélectriques. Au Honduras, 177 rivières ont été affectées ces dernières années. Les sols s’assèchent, les cultures ne rapportent plus1». Les habitants des milieux ruraux n’ayant plus les moyens de subvenir à leurs besoins primaires, cela cause le départ de plus de 300 Honduriens qui fuient le pays quotidiennement en quête d’une vie meilleure2. Il est à noter que ces changements climatiques sont également présents dans d’autres pays d’Amérique centrale, poussant des individus issus du « couloir de la sécheresse », un territoire comprenant le Nicaragua, le Costa Rica, le Honduras, le Salvador et le Guatemala à émigrer3. Les prédictions scientifiques énoncent avec « une grande certitude que les répercussions futures du réchauffement climatique sur l’Amérique centrale devraient inclure certaines zones côtières touchées par l’élévation du niveau de la mer, la variabilité météorologique et climatique extrême4». Dans cet article, il sera question des réfugiés climatiques que nous analyserons en mettant l’accent sur les femmes et les enfants.
Les femmes et les enfants occupent une place prépondérante dans les statistiques de migration climatique. En effet, lorsqu’une catastrophe naturelle survient, on observe 14 fois plus de décès chez les femmes et les enfants que chez les hommes. Cette surreprésentation est principalement causée par le fait que près de 70% de la population se situant sous le seuil de la pauvreté sont des femmes, les rendant ainsi davantage vulnérables face à ces changements5. De plus, les phénomènes de variabilité et de changement climatique observés au Honduras, soit la sécheresse, les inondations et la désertification provoquent un manque flagrant de ressources. Dans un contexte où les activités générant des revenus et la participation aux décisions de leurs communautés sont peu accessibles aux femmes et aux jeunes filles, cette instabilité les affecte de manière démesurée puisque la contribution de celles-ci est souvent requise au détriment de leur scolarisation.
Un autre élément à considérer est celui des violences sexuelles auxquelles elles sont sujettes lors de ce parcours migratoire forcé suite aux catastrophes naturelles. En effet, « les femmes sont plus à risque de subir de l’exploitation sexuelle et d’avoir recours à des relations sexuelles comme mécanisme de survie6 ». De plus, les organisations criminelles profitent de ce contexte d’instabilité pour forcer ces jeunes filles à prendre part à des activités illicites comme la prostitution juvénile. Il est également important d’ajouter que l’extrême pauvreté des familles augmente le risque de mariage forcé.
Face à la montée de ces phénomènes inquiétants, et sachant qu’ils touchent de manière disproportionnée les femmes, la communauté internationale se doit d’intégrer une approche intersectionnelle dans la lutte contre les changements climatiques dans le but de réagir efficacement face à ceux-ci. Il est encore temps d’agir : le nombre de migrant·es climatiques pourrait être réduit de 80% grâce à l’imposition de mesures au niveau national et international. Si nous souhaitons véritablement venir en aide aux femmes, cela s’amorce par la reconnaissance de la contribution de celles-ci en augmentant leur présence dans les sphères décisionnelles. Cela s’effectue en favorisant un accès plus équitable aux sources de financement ainsi que dans la création et la mise en place de politiques favorisant l’autonomisation des femmes. À cela s’ajoutent les changements s’adressant à l’ensemble de la population, soit la réduction immédiate de l’émission du gaz à effet de serre, l’intégration de la migration climatique dans la planification de développement et effectuer des choix économiques visant l’amélioration des connaissances en ce qui a trait à la migration climatique.
Références :
- Allard, Fanny. Honduras : les migrants de la soif. En ligne, < https://www.france24.com/fr/20190215-reporters-doc-honduras-exil-caravane-migrants-etats-unis-violence-pauvrete-secheresse >, Consulté le 5 octobre 2022.
- Ibid.
- Gaynor, Tim & María Rubi. Le changement climatique s’ajoute à la liste des facteurs de déplacement au Honduras . En ligne. < https://www.unhcr.org/fr/news/stories/2021/11/618a7585a/changement-climatique-sajoute-liste-facteurs-deplacement-honduras.html >, Consulté le 5 octobre 2022.
- Ibid.
- Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI). Une approche féministe à la justice climatique. En ligne, < https://aqoci.qc.ca/wp-content/uploads/2020/04/pdf_fiche_approche_feministe_a_la_justice_climatique_2020.pdf > , Consulté le 5 octobre
- Ibid.
Cet article a été réalisé grâce au financement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada pour le Programme de stages internationaux pour les jeunes.