De la ville aux montagnes
Catherine Joubert était en pleine jungle amazonienne lorsque les autorités péruviennes ont fermé les frontières et ont imposé un confinement strict, en mars 2020. De Montréal, toute l’équipe de SUCO s’est alors mobilisée jour et nuit pour rapatrier les coopérants et coopérantes. La jeune femme a ainsi pu embarquer sur son vol de retour, le cœur un peu lourd de terminer son mandat de coopération internationale.
« Je ne suis pas la même Catherine, on n’est jamais les mêmes… Je suis revenue et une partie de moi est restée là-bas. J’ai soif de poursuivre ce travail en droit des femmes », confie-t-elle nostalgique.
La conseillère volontaire en Égalité entre les Femmes et les Hommes de FORMAGRO, un projet mené par SUCO au Pérou, a vécu sept mois intenses à Lima. Le projet améliore les conditions économiques des producteurs et productrices agricoles par l’accès à une éducation technique et le développement entrepreneurial, en partenariat avec les ONG péruviennes ALLPA et IDMA.
Catherine n’en est pas à ses premières expériences en coopération internationale. Elle cumule des études en sciences politiques, une maîtrise de droit international et droits de l’homme de l’Université pour la Paix de l’ONU et un certificat en coopération internationale. Elle maîtrisait déjà l’espagnol avant son départ, mais était heureuse de se perfectionner avec les cours offerts par SUCO. Comme analyste des genres, la jeune femme travaille sur le terrain pour établir un dialogue sur les notions de parité, de privilèges et d’oppressions, les rôles des hommes et des femmes, et le rapport que ces dernières souhaitent avoir. Elle sent l’ouverture à une construction sociale différente.
« Il y a une expression au Pérou que j’aime beaucoup, para servirlo (pour vous servir). C’est un échange interculturel, j’amène mon expertise du droit des femmes et j’apprends beaucoup sur l’univers agricole et le développement durable. Notre accompagnement est personnalisé à leur réalité. On avance main dans la main, c’est une démarche collective. » Une tournée des coopératives de travail a été effectuée. L’équipe multidisciplinaire de FORMAGRO collabore selon leur champ d’expertise respectif, de l’amélioration des conditions de vie des familles rurales, au développement durable et à la parité. Un guide d’outils pour favoriser la pérennité des organisations a été élaboré.
Au cours de son expérience, Catherine a autant goûté à la vie éclatée de Lima qu’au calme des majestueuses montagnes. « Sortir de nos bureaux et aller à la rencontre des producteurs et des productrices nous a permis de ne pas perdre de vue les objectifs de notre mandat. C’est très concret. J’ai découvert un peuple tissé serré avec une grande richesse. Ils sont fiers de leur culture quechua. »
Souvenir du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes
Un souvenir l’a profondément marquée. « Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, nous sommes allés. es dans un hôtel isolé au bas des montagnes durant deux jours, afin de discuter avec les productrices agricoles. Heureuses de se retrouver entre elles, elles ont partagé sans tabou leurs histoires parfois crève-cœur et leurs défis. L’entraide était au rendez-vous. C’était beau à voir. » La coopérante voue une grande admiration pour ces femmes qui se retroussent les manches et assurent leur avenir, comme ce groupe de fromagères qui fabriquent un excellent fromage à 4 500 mètres d’altitude !
« Ce qui me rend le plus fière, c’est de les voir avancer avec tellement de résilience. Leur désir de continuer est puissant et met tout en perspective. Elles ont le cœur à la bonne place, notre travail tire alors toute sa pertinence. »
À chacune de ses visites au marché bio, elle a constaté avec émerveillement le résultat tangible du projet FORMAGRO, alors que les étales mettent en valeur le savoir-faire des producteurs et productrices agricoles, de la ferme à la table.
La professionnelle a déjà hâte de repartir, elle espère avoir la chance d’accomplir d’autres mandats en collaboration avec SUCO dans le cadre du Programme de coopération volontaire, financé par Affaires mondiales Canada.
« Je réalise que peu importe qui on est, d’où l’on vient, tout le monde veut de la dignité, la base des droits humains. En ayant en tête cette vision, un échange d’égal à égal, on peut y arriver », conclut Catherine.
Cet article a été réalisé grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise du ministère des Affaires mondiales Canada.