Par Kani Touré, agente en communication pour notre partenaire GFM3 en Côte d’Ivoire
La participation des femmes au développement économique est sans aucun doute source de croissance et d’innovation, autant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. Sur le continent africain, de plus en plus de femmes, entrepreneures dans l’âme, sont à la tête d’entreprises dans le secteur de l’agriculture, de l’artisanat ou encore dans le milieu commercial. En outre, « [si] les femmes entreprenaient [auparavant] par nécessité […], elles sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses à se lancer par envie et par détermination, en alliant modernisme et respect des traditions. »1
Qu’en est-il de la Côte d’Ivoire ?
La Côte d’Ivoire est le pays ayant connu la plus forte croissance de prospérité sur le plan mondial, au cours des dix dernières années2. En ce qui concerne la création d’entreprises, on remarque aussi une forte expansion, soit une augmentation annuelle moyenne de 26 % de 2015 à 2019.
Où les femmes ivoiriennes se positionnent-elles dans cette progression ?
On remarque une progression en termes de croissance du leadership féminin. D’ailleurs, la proportion d’entreprises formelles détenues en majorité par des femmes est passée de 15 % en 2015 à 20 % en 20193. De plus, 20 femmes sur 430 (4,7 %) sont désormais dirigeantes de grande entreprise au pays et 26,3 % des entreprises ivoiriennes comptent au moins une femme comme actionnaire. Les entrepreneures ivoiriennes travaillent essentiellement dans les secteurs du commerce (33 %), de la prestation de services (31 %), de l’agro-industrie (27 %) et, enfin, des bâtiments, des travaux publics et de la technologie (4 %)3.
Obstacles et défis à l’entrepreneuriat féminin
Certes, il existe divers problèmes qui peuvent être considérés comme des obstacles à l’entrepreneuriat féminin, notamment au niveau des questions financières (la difficulté d’accès au financement des banques), de la culture, des normes sociales et de l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Par conséquent, ces obstacles ont un impact sur l’expansion du leadership féminin. Par exemple, en Côte d’Ivoire, plus le modèle de production des entreprises se complexifie, moins les femmes entrepreneures sont présentes. Uniquement 14 % d’entreprises manufacturières sont dirigées par les femmes3. Elles sont beaucoup plus représentées dans les petites unités de transformation qui génèrent beaucoup moins d’argent (51 %) 3.
Que fait SUCO pour propulser le secteur entrepreneurial féminin ?
Chez SUCO, l’égalité entre les femmes et les hommes est l’un de nos axes d’intervention transversaux et fait partie de toutes nos interventions — ce qui a indirectement un impact sur l’expansion de la place des femmes dans le secteur entrepreneurial de la Côte d’Ivoire. Au travers de ses actions, SUCO contribue à ce que les femmes aient un meilleur accès aux différents services en santé et en éducation, à l’emploi et aux moyens de production. De plus, SUCO participe directement à l’autonomisation économique des femmes avec la mise en place d’entreprises et d’espaces de commercialisation, de dotation de fonds et de démarrage de crédits. SUCO promeut également la participation des femmes aux prises de décisions et la valorisation de l’apport des femmes dans la vie communautaire.
SUCO favorise les partenariats avec des organisations ayant comme champs d’action principal le renforcement de l’autonomie économique et politique des femmes. J’ai moi-même pu le constater en ayant la chance de travailler comme agente en communication avec un organisme ivoirien nommé GFM3 (Génération Femme du 3e Millénaire) qui œuvre non seulement dans l’automatisation et le leadership des femmes, mais qui est aussi dirigé par une femme, Madame Honorine Vehi Touré.
L’organisation possède d’ailleurs un centre communautaire d’accueil et de réhabilitation pour les femmes et les filles, nommé CECAREF. Ce centre s’inscrit dans la politique de lutte contre les violences basées sur le genre de GFM3. Dans ce centre, de jeunes filles issues de milieux défavorisés ont la chance de bénéficier de formations en couture et en coiffure. Ces formations leur permettent d’être autonomes à la sortie du centre. En somme, le centre a pour but de lutter contre les fistules obstétricales et les violences basées sur le genre, et de promouvoir des initiatives féminines.
Quelques victoires pour la Côte d’Ivoire
Parmi les exemples de réussite féminine sur le continent africain, Massogbè Touré Diabaté est une figure reconnue dans la promotion de l’anacarde (noix de cajou) en Côte d’Ivoire. Madame Touré Diabaté est cheffe d’entreprise à la tête de la société SITA SA. Cette entrepreneure a fait preuve de leadership dans le secteur et a pu surmonter les défis de l’industrialisation et de l’émancipation économique des femmes.1
Jessica N’gatta est également un exemple de réussite de leadership féminin en ce qui concerne l’entrepreneuriat, avec son entreprise nommée Assémarket, filiale de FIJE Group. Son entreprise est une structure spécialisée dans la distribution et la commercialisation de produits vivriers ivoiriens. L’entreprise garantit la qualité par la traçabilité de ses produits depuis les champs et les fermes villageoises jusqu’aux assiettes.5
Enfin, en faisant preuve de débrouillardise, de détermination et d’ambition, les femmes ivoiriennes ne cessent de gagner en légitimité au sein du secteur entrepreneurial, malgré le sexisme, les normes sociales et les inégalités auxquelles elles font face au quotidien. Elles travaillent d’arrache-pied pour accroître et consolider leur place dans le secteur.
Sources
1 Sandrine Naguertiga. « Les femmes entrepreneures à la conquête de l’Afrique », ID4D, 24 septembre 2021. www.ideas4development.org/femme-entrepreneure-afrique/
2 Moutiou Adjibi Nourou. « La Côte d’Ivoire est le pays qui a le plus accru sa prospérité dans le monde au cours des 10 dernières années », Agence Ecofin, 24 novembre 2021. www.agenceecofin.com/economie/2411-93428-la-cote-d-ivoire-est-le-pays-qui-a-le-plus-accru-sa-prosperite-dans-le-monde-au-cours-des-10-dernieres-annees
3 Agence Côte-d’Ivoire, « ENTREPRENEURIAT EN CÔTE D’IVOIRE : OÙ EN SONT LES FEMMES ? », 16 mars 2020. www.agencecipme.ci/entrepreneuriat-en-cote-divoire-ou-en-sont-les-femmes/
4 Renaud Redien-Collot, Laurice Alexandre. « L’influence de la culture sur l’intention entrepreneuriale des femmes ; le cas de l’Egypte », Researchgate. Janvier 2013.
5 Jessica N’GATTA. « Présentation », 2022. www.assemarket.com/fr/
Cet article a été réalisé grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada pour le Programme de stages internationaux pour les jeunes.