Les fruits maliens de la coopération selon SUCO

Sanankoroba, ça vous dit quelque chose? Il y a 20 ans, ce village malien, situé à 30 kilomètres au sud de la capitale Bamako, a fait parler de lui.

MaliEn 1993, la Presse y faisait référence en annonçant qu’un « petit dollar canadien fait beaucoup de chemin dans un pays comme le Mali »; trois ans plus tard, le Monde diplomatique le qualifiait de « réussite exemplaire […] qui stupéfie le monde »; en 1998, The Gazette invitait ses lecteurs à « écouter ce village » pas comme les autres.

À l’époque, Sanankoroba se démarquait, tant au niveau régional que national, comme exemple d’une communauté rurale qui parvient à prendre en main son développement économique et social. Grâce à l’appui d’organisations non gouvernementales (ONG) internationales, elle est aujourd’hui devenue une agglomération prospère de près de 10 000 habitants et habitantes, où se côtoient en harmonie plusieurs ethnies du pays.

SUCO est l’un des artisans de cette importante réussite.

Quand coopération internationale devient solidarité directe

Tout commence dans les années 1980 lorsque Moussa Konaté, un jeune enseignant de Sanankoroba, s‘implique dans sa communauté. Élu représentant régional de la jeunesse, il se déplace de village en village et prête l’oreille aux besoins de celles et ceux qu’il rencontre.
Cette connaissance du terrain le désigne comme l’interlocuteur privilégié de certains intervenants étrangers au Mali, ce qui lui permet d’entrevoir de nouvelles perspectives pour sa région.

En 1986, les liens tissés avec le Canada l’amènent à imaginer et à promouvoir une forme inédite de coopération internationale : un jumelage inclusif et solidaire entre deux municipalités. Les petites routes de Sanankoroba et de Sainte-Élisabeth, au Québec, se croisent alors, pour ne plus jamais se quitter.

Engagé avec la population du Mali depuis 1967, SUCO reconnaît dans la démarche participative de M. Konaté les valeurs qu’il préconise. C’est donc tout naturellement que le partenariat s’établit entre eux. Cette association permet à SUCO de clarifier et d’affirmer sa vision de la solidarité directe, qui est au cœur même de sa mission. Elle résume sa volonté de réduire les intermédiaires entre les coopérant-es et les communautés accompagnées.

Des résultats concluants au profit des populations

MaliLa démarche de développement local qui est née de la collaboration entre SUCO, des partenaires locaux et la population de Sanankoroba, a favorisé l’instauration de la participation démocratique au cœur des villages. La parole a été libérée en faveur de celles et de ceux qui avaient peu de voix avant le projet : dont les femmes et les jeunes, et ce au profit de la communauté toute entière.

La création de caisses locales de développement, gérées entièrement par la population, favorise l’émergence d’une nouvelle dynamique économique dans les collectivités de Sanankoroba et des 60 villages avoisinants. Ce capital de développement permet aux familles d’accéder à un apport financier d’appoint qu’elles peuvent investir dans des activités productives génératrices de revenus. Des secteurs d’actions à caractère plus social, selon les priorités identifiées au fil du temps par la population (éducation, santé, etc.), en bénéficient également.

La collaboration entre SUCO et Sanankoroba a réduit l’exode de la population, tout en favorisant le retour d’une partie d’entre elle. On observe en effet une nouvelle carte, plus attrayante, du milieu socio-économique, avec l’émergence de nouveaux emplois dans la zone. L’économie n’est plus seulement agricole et saisonnière; elle s’oriente aussi vers du service à l’année : boutiques, moulins, garages mécaniques, cordonneries, restaurants, etc.

Cette croissance de productivité a engendré une augmentation importante de biens et services, notamment l’achat d’intrants et de matériel agricoles, l’acquisition de vêtements, de produits domestiques, de moyens de communications, etc.

Autant de progrès sociaux, économiques et environnementaux qui permettent aux citoyens et citoyennes de la région de tourner le dos à des années de famine et de misère.