L’impact de la pandémie sur les femmes (partie 2 de 3)

Partie 2 : L’impact sur la santé et la vie des femmes

Confinement et violence conjugale

On a mentionné au début de la pandémie des impacts possibles du confinement sur l’augmentation du niveau de violence intrafamiliale. Au Québec et au Canada, on a incité les femmes à appeler les services de police ou SOS violence conjugale, et à se réfugier dans des maisons d’hébergement. Certaines régions, dont Rimouski, ont fait appel aux pharmacies pour aider les femmes en situation de violence et cela était nécessaire et essentiel, mais avant de dénoncer, bien souvent les femmes vont d’abord tenter de chercher de l’aide auprès de leurs proches. Les restrictions aux déplacements, bien que nécessaires,  vont probablement empêcher certaines femmes de recevoir cet appui. Elles vont donc demeurer auprès d’un conjoint violent. Les femmes, pour qui il est déjà difficile de dénoncer la violence qu’elles subissent, n’oseront peut-être pas expliquer leur situation si elles se retrouvent devant un barrage policier.

Les maisons d’hébergement, déjà souvent à pleine capacité et en manque criant de financement, doivent aussi répondre aux exigences en matière de distanciation sociale et ne pourront pas recevoir toutes les  femmes qui en auraient besoin. 

À l’international

Dans plusieurs pays malheureusement, il n’existe pas de maisons d’hébergement, et les services de police ne sont souvent pas réceptifs ou formés à offrir un soutien aux femmes victimes de violence. Les règles de confinement et de restrictions de déplacements sont très sévères (jours précis en fonction du carnet d’identité pour se déplacer, couvre-feu strict). Sans oublier le machisme ambiant, qui ne décourage pas les actes de violence envers les femmes. Les femmes victimes de violence auront encore plus de difficulté à demander de l’aide ou se réfugier chez des personnes en qui elles ont confiance.  Alors, elles n’auront  d’autre choix que de mettre leur vie et souvent celle de leurs enfants en danger.

Toutefois, certains pays ont mis en place des mesures pour que les femmes puissent demander de l’aide sans attirer l’attention du conjoint. En Espagne, les femmes peuvent demander à la pharmacie un «masque 19», code pour que la pharmacie appelle les services d’aide aux femmes victimes de violence. Des initiatives comme celles-là doivent être encouragées.

L’accès à la planification familiale 

On a très peu parlé d’un service essentiel pour des milliers de femmes, soit l’accès aux services de planification familiale et d’interruption de grossesse. On le sait, le droit à l’avortement est illégal dans un grand nombre de pays. Dans ceux où il est légal, il est continuellement remis en question. On entend de plus en plus de voix opposées à ce droit le remettre en question, entre autres,  au nom de la lutte à la pandémie. Tous les efforts sont mis sur le soin aux malades de la COVID-19 et malheureusement cette situation, en plus des règles de confinement et de déplacements, perturbe l’accès aux services de planification familiale et d’interruptions volontaires de grossesse. Et ce, particulièrement pour les femmes vivant loin des centres urbains ou des lieux offrant ces services. Cela est sans parler des pressions qui peuvent s’exercer par les conjoints. Alors, au lieu de faire des blagues sur les bébés COVID-19, posons-nous la question si ces bébés auront réellement été le choix des femmes qui les auront portés.

Crédit photo: Ariane Sylvain


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Linda Gagnon
Chargée de programme – Pôle Amériques
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