Mylène, Burkinabè de cœur
CHAPEAU : « La vie m’a amenée ici. Le cégep de Jonquière avait un partenariat avec le Burkina Faso. La première fois que je suis débarqué de l’avion, en plein milieu de la nuit, j’ai senti la chaleur sur moi, je croyais que c’étaient les réacteurs de l’avion. Je me suis rendu compte que c’était bel et bien la température », se remémore Mylène Otis en riant. La jeune femme est tombée en amour avec le Burkina Faso. Après des études en travail social, elle a quitté son Saguenay–Lac-Saint-Jean natal, il y a 21 ans, pour l’aventure de la coopération internationale.
Le lendemain de son arrivée, Mylène a eu un choc culturel intense :
« J’étais complètement perdue et déstabilisée, je me suis demandé pourquoi je n’avais pas plutôt fait mon stage au CLSC de Jonquière (rires) ! Tout est différent, le peuple est tellement amical, au début tu te sens envahie. Tout le monde veut discuter avec toi. Tu as l’impression que les gens se ressemblent tous, tu te demandes même comment tu vas faire pour les différencier. Et peu de temps après, tu ne veux simplement plus jamais repartir. »
La coopération internationale, plus qu’une passion
La Québécoise a multiplié les mandats pour le Centre de Solidarité internationale du Saguenay-Lac-Saint-Jean et Oxfam, entre autres, comme accompagnatrice QSF, coordonnatrice terrain et différents mandats de coopérante volontaire. À travers toutes ces années, elle a rencontré l’homme de sa vie et a fondé une famille qu’elle élève avec les valeurs de ses deux pays. Aujourd’hui, elle est représentante du nouveau bureau de SUCO au Burkina Faso qui œuvre déjà depuis cinq ans ici. Elle s’apprête à former son équipe.
Le Burkina Faso, un pays pas comme les autres
Ce pays enclavé de 20 millions d’habitants est le secret bien gardé des volontaires expatriés.
« Il y a une chaleur humaine que je n’ai vue nulle part ailleurs. C’est un peuple ouvert, curieux à en savoir plus sur l’autre. Pour eux, il n’y a jamais de problèmes, juste des solutions ! Les Burkinabè sont doux et patients, sauf au volant de leurs voitures »
La langue française rallie tout le pays. C’est d’ailleurs l’attrait principal qui l’a fait sentir davantage chez elle. Pouvoir s’exprimer dans sa langue maternelle permet de s’intégrer rapidement. « Le Burkina Faso est très diversifié avec plus de soixante ethnies différentes et tout autant de cultures. Même après 21 ans, je suis conquise », ajoute celle qui connaît cette partie de l’Afrique de l’Ouest comme le fond de sa poche. Au bureau de SUCO, Mylène développera des projets liés à la sécurité alimentaire, l’égalité femme-homme et l’environnement avec des partenaires locaux en région rurale et urbaine. « Mon emploi est tellement varié. Comme représentante, la polyvalence est de mise. Tu deviens la maman, l’amie, la psy, l’infirmière. On n’est jamais au bout de nos surprises, mais c’est extrêmement gratifiant et stimulant. J’en apprends chaque semaine. »
Une expertise précieuse
Bâtir cette nouvelle structure pionnière sur le continent africain est un beau défi. Elle s’assurera de la collaboration entre les différents·es acteurs et actrices et donnera des formations au Bénin, au Togo, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Avec sa grande connaissance de la réalité du territoire, Mylène est la référence pour de nombreux Canadiens et agit comme un pont entre les deux cultures.
« Au début, on veut changer le monde. Après quelques mois, on a l’impression que notre apport est minime, ensuite on réalise la richesse de l’échange avec l’autre. Petit à petit, on sème des graines que l’on voit germer. »
Sa plus grande fierté est son travail passé avec une petite ONG qui milite pour les droits des jeunes filles. Aujourd’hui, c’est devenu une ONG reconnue du grand public et une référence pour cette problématique sociale. Un centre d’hébergement pour jeunes filles et femmes en difficulté a d’ailleurs vu le jour à la suite de cette initiative.
« C’est la beauté du développement international, contribuer à la propulsion de programmes ayant un fort impact dans la population. Cet effort collectif nous rassemble. On forme une grande famille et je suis à ma place »
Cet article a été réalisé grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.