Cette réplique, tirée du film « Don’t Look Up : Déni cosmique », pourrait être la réponse à la décision du gouvernement canadien d’autoriser le projet pétrolier Bay du Nord. Dans le film, le Dr Mindy interrompt le très riche homme d’affaires Peter Isherwell qui vient d’annoncer à la Présidente des États-Unis un changement de plan. Au lieu de détruire la comète qui se dirige vers la Terre, il propose d’en exploiter les richesses. Cette vision que les crises sont des occasions de générer de la croissance, n’est pas nouvelle n’est-ce pas ? Certains affirment même qu’on pourrait créer des emplois verts en exploitant le pétrole, et le tout sans augmenter les émissions de gaz à effet de serre (GES). C’est à se demander où est la fiction : dans le film ou dans la réalité ?
Malgré les deux derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui témoignent de l’ampleur des souffrances et des dommages causés par la hausse des températures mondiales sur les écosystèmes et aux êtres vivants, Les gouvernements persistent et continuent d’exploiter les hydrocarbures, certains osent même autoriser de nouveaux forages. Entamer la transition socio-écologique de cette façon équivaut à n’avancer qu’à très petit pas vers une économie sobre en carbone. Ça ne devait pas être cette vision qu’avaient en tête les organisateurs du Jour de la Terre en choisissant le thème « Investissez dans notre planète ».
Les impacts actuels et les scénarios futurs de l’augmentation des émissions de GES
Selon le dernier rapport du GIEC, pour limiter la hausse des températures mondiale à 1,5 °C, le monde doit réduire de moitié les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport au niveau actuel.
En 2021, l’augmentation de la température mondiale est de 1,1 degré et les impacts de cette hausse se font déjà sentir. Le 2e rapport du GIEC note une baisse du rendement agricole, un accès à l’eau de plus en plus difficile et des déplacements de populations dus aux changements climatiques. D’ailleurs, environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes très vulnérables en raison de ces dérèglements climatiques. La production alimentaire, la biodiversité et les êtres vivants sont menacés : l’augmentation des extrêmes météorologiques et climatiques a entraîné des effets irréversibles, les systèmes naturels et humains étant poussés au-delà de leurs capacités d’adaptation. En fait, c’est-ce qu’on appelle les pertes et les dommages dans le langage des Conférences des parties (COP) sur le climat. En langage clair, cela signifie que nous subissions déjà des pertes d’écosystèmes irréversibles dues aux changements climatiques. Certains pays et groupes sociaux exigent, à juste titre, que ces pertes soient reconnues et compensées par les pays responsables. C’est ce dont on parle lorsqu’on mentionne l’idée de la justice climatique.
On assiste donc à une multiplication des risques pour les écosystèmes et les êtres vivants : les changements sont beaucoup trop rapides et les impacts rendent la résilience de plus en plus difficile en termes de coûts pour la vie humaine. Il semble que nous ayons atteint la limite de l’adaptation. Or, il y a des solutions !
Que pouvons-nous faire ?
Pas de transition écologique sans justice sociale
C’est d’ailleurs ce que les deux derniers rapports du GIEC soutiennent. Il faut agir à deux niveaux : appuyer l’adaptation et l’atténuation des impacts des changements climatiques et réduire d’au moins 45 % les émissions des GES.
En termes de réduction des émissions des GES, le rapport parle de sobriété, c’est-à-dire de changements de mode de vie : baisser la consommation d’énergie, de viande ou encore l’usage de la voiture individuelle. Cet appel à la sobriété s’adresse particulièrement aux ménages dont le revenu se situe dans les 10 % les plus hauts, car ils sont à l’origine de 34 à 45 % des émissions mondiales de GES. Ceux dont les revenus se situent dans les 50 % inférieurs contribuent de 13 à 15 % (2 à 3 fois moins). Pourtant ce sont les populations vulnérables qui souffrent le plus des impacts des changements climatiques, même si ce sont elles qui émettent le moins de GES.
C’est pourquoi SUCO affirme que la justice climatique ne peut se faire sans justice sociale. Cependant, afin que les citoyen·nes puissent faire des choix écoresponsables, encore faut-il avoir de véritables options. Pour ce faire, les gouvernements, la société civile et le secteur privé doivent faire des choix de développement inclusifs qui donnent la priorité à la réduction des risques, à l’équité et à la justice. Pensons par exemple à des propositions de mobilité urbaine collectives et abordables, à des politiques agricoles résilientes et à une occupation du territoire qui intègrent une approche de vulnérabilité climatique. La justice écologique réfère à cette combinaison de justice climatique et sociale.
La place de la solidarité internationale dans la justice écologique
La solidarité internationale est au cœur de la justice écologique. En soutenant technologiquement et financièrement ses partenaires pour mettre en œuvre des solutions basées sur la nature, SUCO participe à la construction d’un monde juste et équitable. L’agroécologie et des systèmes alimentaires viables qui appuient les femmes comme actrices de changements sont des solutions démontrées pour faire face aux impacts des changements climatiques. Le projet « Renforcer les capacités des femmes et des jeunes dans l’agroécologie, la transformation et la distribution des produits agricoles » réalisé avec notre partenaire le Le Centre d’Ecoute et d’Encadrement pour un Développement Durable CEEDD au Sénégal ou encore la mobilisation rapide de SUCO et son partenaire local, la FIPAH (Fundación para la Investigación Participativa con Agricultores de Honduras), qui a permis de stimuler la production de semences et d’aliments dans les communautés honduriennes afin de garantir un accès à l’alimentation illustrent bien ces projets.
Agir maintenant
À ce jour, SUCO et ses partenaires appuient des centaines de familles dans dix pays afin de créer un monde juste et équitable. Pour continuer et amplifier ce travail, voici comment agir dès maintenant :
Informez-vous sur les façons de faire une transition socio-écologique à votre échelle, découvrez aussi les pétitions comme celle Réclamant un cadre stratégique agricole ambitieux pour le Québec et au Canada.
Crédit photo :
Carlos Ly
Références:
Urgence climatique en Afrique de l’Ouest : impacts et perspectives
La sobriété est « incontournable » pour limiter le réchauffement climatique
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