Soutenir les acteurs et actrices de changement dans leur adaptation à la COVID-19

Credit photo : Carlos Ly

Depuis le mois de mai, et cela chaque semaine, nous vous partageons l’histoire d’un acteur ou d’une actrice de changement dans son adaptation à la COVID-19 sur notre page Facebook.

Cette crise l’aura démontré, ce sont des personnes inspirantes et capables d’une grande résilience. Ci-dessous vous trouverez donc les histoires de Blandine Sankara au Burkina Faso; Lousise Christiana Majeune, Lilianie Dor et Lucie Dorlus en Haïti; César Cárdenas Lima, Niel Natividad Laveriano, Nuri Maguiña Ropon et Daysi Yactayo Chalso au Pérou; Bernard Yegnissou et Ambroise Assigname au Bénin et Étienne Manga au Sénégal.

SUCO mobilise des gens, des savoirs et des ressources pour bâtir des systèmes alimentaires viables et renforcer la résilience climatique, en s’assurant que la réalité des femmes est prise en compte et qu’elles participent aux décisions. Faire un don à SUCO vous permet donc de participer à cette mission et cet objectif de construire un monde plus solidaire, plus équitable et plus durable.

César Cárdenas Lima

César Cárdenas est acteur de changement participant à notre projet FORMAGRO au Pérou. César travaille pour FORMAGRO. Il nous partage l’impact de la COVID-19 sur sa vie et ses activités.

« Depuis le premier cas confirmé de COVID-19 au Pérou, le 6 mars 2020, l’inquiétude et l’incertitude ont augmenté conformément à l’augmentation accélérée du nombre d’infections. Dans le cas du projet FORMAGRO, le premier événement touché a été le IV Forum national « Marchés agroécologiques au Pérou ».

» Nous, en tant qu’équipe Formagro, avons dû nous adapter à ces dispositions et trouver des mécanismes de support à distance pour nos jeunes producteurs, en maintenant une communication par téléphone ou via les réseaux sociaux qui nous permet de nous rapprocher de leurs limites et de rechercher un lieu de vente où ils peuvent offrir leurs produits.

» Nous organisons des réunions de planification hebdomadaires pour nos activités via Skype et Zoom, principalement. Nous avons établi un protocole de support technique productif à distance pour conseiller les producteurs sur les questions de production et commerciales. De plus, nous maintenons la communication avec les autorités et les représentants des espaces qui peuvent représenter des opportunités de vente et une coordination commerciale pour nos jeunes. »

Bernard Yegnissou

Bernard Yegnissou est acteur de changement et bénéficiaire de l’appui de notre partenaire ALDIPE au Bénin. Bertrand est agriculteur depuis 25 ans dans son village situé dans la commune de Bohicon. Il nous partage l’impact de la COVID-19 sur sa vie et ses activités.

« Depuis le mois de mars, notre pays a été touché par la pandémie mondiale du coronavirus. Notre travail et notre train de vie ont pris un coup.

» Nous producteurs, nous avons un rôle capital à jouer dans la riposte à cette pandémie car sans une production sécurisante, le Bénin risque de connaitre une crise alimentaire. (…) Notre principal obstacle est le manque de moyen financier qui nous limite dans nos ambitions d’emblaver une grande superficie pour la production agricole en 2020.

» Avec l’accompagnement d’ALDIPE, nous développons déjà des pratiques agro-écologiques et cela nous rassure sur la qualité des produits et la durabilité de l’exploitation. Nous allons cette année renforcer la production vivrière pour faire chuter les prix et permettre à nos communautés de pouvoir mieux se nourrir.

» J’aime bien mon métier d’agriculteur parce que j’ai découvert au fil du temps que « la terre ne ment jamais » et que grâce à ma production, la population arrive à se nourrir. Ma plus grande fierté est la satisfaction que chaque individu trouve en venant acheter des produits vivriers chez moi. »

Lousise Christiana Majeune

Lousise Christiana Majeune est actrice de changement et participante à notre projet PROMAVI avec notre partenaire ASPVEFS en Haïti. Lousise est agricultrice et commerçante à Haut Belize, une localité située au sud d’Haïti. Elle nous partage l’impact de la COVID-19 sur sa vie et ses activités.

« Depuis l’annonce des mesures barrières du gouvernement, les commerces/marchandises se font rare. Je ne peux pas m’approvisionner. En conséquence, l’argent du commerce s’effritait. Quand on récolte nos produits, on les vend au marché, on en garde pour manger dans la famille, on conserve une partie pour les semences et on partage avec les voisins de la communauté.

» Avec la COVID-19, on a pu manger que nos réserves et les fonds du business. De plus, j’ai été incapable de trouver de la main d’œuvre pour labourer les terres. Ce qui s’ajoute aux problèmes liés aux changements climatiques avec l’irrégularité au niveau du climat.

» Heureusement cela va bien pour le projet PROMAVI, justement il nous donne de quoi nous occuper. Je suis fière d’être agricultrice, ce métier me rend heureuse. »

Étienne Manga

Étienne Manga est acteur de changement au Sénégal. Étienne est apiculteur et président de l’association APISEN (partenaire au Sénégal). Cette association a pour objectif de promouvoir le rôle de l’apiculture et la protection des espèces, dont certaines en voie de disparition (en pratiquant le reboisement et l’ouverture des paras-feux pour lutter contre les feux de brousses). Elle partage aussi les bonnes pratiques pour entretenir une ruche à l’aide de formations. Étienne nous partage l’impact de la COVID-19 sur sa vie et ses activités.

« « Du 3 mars au 2 juin, l’État a décrété l’état d’urgence qui a été accompagné de beaucoup d’autres mesures comme le couvre-feu et la limitation de la circulation. Au Sénégal, nous travaillons avec une espèce d’abeille agressive donc le travail de récolte de miel se fait la nuit. Avec le couvre-feu qui démarrait à 21h, les apiculteurs·trices ont été bloqué chez eux. Depuis la levée des restrictions, nous travaillons fort pour rattraper le retard et récolter un miel de qualité. Je suis également très sollicité pour appuyer les apiculteurs·trices mais nous n’avons pas encore eu la chance de reprendre les formations.

» De plus, la vente de miel est devenue difficile car d’habitude nous le vendons dans les marchés hebdomadaires, sur les sites touristiques ou nous l’exportons, ce qui est maintenant impossible. L’avantage que nous avons est que le miel est un produit non périssable.

» Il faut savoir que la reprise des activités est très difficile, l’aspect économique lié à la COVID-19 a eu un grand impact sur le monde paysan ici au Sénégal et les gens essayent de se débrouiller comme ils peuvent. »

Blandine Sankara

Blandine Sankara est actrice de changement au Burkina Faso. Blandine est sociologue et coordonnatrice chez Yélémani, partenaire de SUCO au Burkina Faso qui agit dans la promotion de la souveraineté alimentaire. Elle nous partage l’impact de la COVID-19 sur sa vie et ses activités.

« Depuis près de 2 mois, certaines activités comme le projet d’éducation que nous menions avec les élèves au lycée, le marché de dimanche des légumes bio à Ouaga, l’organisation d’événements avec les visites guidées et buffet à Loumbila, sont suspendus. Ces suspensions portent préjudice à Yélémani qui aura du mal à faire face à ses dépenses.

» Cependant, étant moins sollicitée, je peux me concentrer sur l’essentiel. Ça me permet de chercher à mieux connaître nos clients, leurs besoins et suggestions pour mieux organiser nos offres en produits alimentaires. Avec la limitation des mouvements et la fermeture des marchés, nous avons par exemple pensé rapidement à diversifier nos offres. C’est ainsi qu’en plus des légumes bio et des jus locaux, nous avons rajouté d’autres produits alimentaires sur notre liste de produits.

» De plus, Yélémani soutient que l’importance de l’écologie et de la souveraineté alimentaire qu’elle prône est aujourd’hui flagrante, d’actualité et le sera bien plus demain. Avec la survenue de la pandémie, la demande en produits sains s’est vue explosée. »

Lilianie Dor

Lilianie Dor est actrice de changement et participante à notre projet PROMAVI avec notre partenaire ASPVEFS en Haïti. Lilianie est agricultrice et commerçante à La Ferme le blanc, une localité située au sud d’Haïti. Elle nous partage l’impact de la COVID-19 sur sa vie et ses activités.

« J’ai peur et je me sens limité, on ne peut pas aller où l’on veut. J’ai une fille avec un appareil dans sa tête. À n’importe quel moment, je pourrais me trouver dans l’obligation de me rendre à Port-au-Prince (capital Haïti) avec elle pour trouver des services hospitaliers que son cas nécessite.

» Depuis 1 mois, je reste à la maison. Je ne vais pas au marché, ni pour vendre, ni pour acheter. Cela réduit considérablement mon pouvoir d’achat.

» Heureusement cela va bien pour le projet PROMAVI, j’en profite pour dire merci à SUCO et ASPVEFS pour les outils et les semences que j’ai reçu. Je souhaite que d’autres personnes dans la communauté, qui se sont inscrit comme moi, bénéficient de quelque-chose aussi. »

Niel Natividad Laveriano

Niel Natividad Laveriano (à droite sur la photo) est acteur de changement au Pérou. Niel est co-fondateur de l’entreprise andine de transformation des grains « Quiwi Punch » et bénéficiaire de l’appui de notre projet FORMAGRO au Pérou. Il nous partage l’impact de la COVID-19 sur sa vie et ses activités. Niel craint non seulement d’avoir subi des dommages physiques à sa matière première, mais également des pertes économiques. Il lui a été très difficile de préparer ses produits en raison de la faible disponibilité de ses intrants tels que le sucre ou le kiwicha (céréale andine) ou en raison de l’augmentation excessive des prix au cours de cette période de la pandémie de COVID-19.

« Actuellement, nous nous sommes coordonnés avec nos fournisseurs pour l’acquisition de nos intrants en petites quantités, en prenant toutes les précautions, tant avec les personnes étant sur le terrain qu’avec les fournisseurs; et en faisant attention de respecter les pratiques d’hygiène nécessaires. À l’avenir, nous espérons avoir un petit prêt qui nous aidera à stabiliser l’entreprise. Nous voulons également continuer à participer au salon du voyage afin de générer des revenus économiques. »

Daysi Yactayo Chalso

Daysi (troisième personne à droite sur la photo) est actrice de changement et participante à notre projet FORMAGRO au Pérou. Daysi a 36 ans et habite dans la province de Cañete au Pérou. Elle travaille dans l’entreprise familiale appelée “Valle Escondido” avec ses frères, parents et enfants.
« Les mesures prises au niveau national ont conduit la Foire Agroécologique de Lunahuan, notre principal espace commercial, à suspendre toutes ses activités.
» Les premiers jours, nous ne savions pas quoi faire et nos ressources financières s’épuisaient. Alors que l’état d’urgence se prolongeait, nous avons décidé de reprendre la production, en particulier de yaourts fruités, qui sont de plus en plus demandés dans la région.
» La famille a appris à s’adapter aux conditions actuelles et à profiter des outils numériques. Nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve, mais nous savons que nous ne resterons pas les bras croisés.»

Lucie Dorlus

Lucie est actrice de changement et participante à notre projet PROMAVI avec notre partenaire ASPVEFS en Haïti. Lucie est agricultrice et commerçante à Madan Paul, une localité située dans la commune de Camp Perrin. Elle nous partage l’impact de la COVID-19 sur sa vie et ses activités.
« Tout en prenant des précautions, je continue d’aller au marché, mais avec une fréquence réduite et je passe moins de temps dans les rassemblements aux marchés. Cela me permet de passer plus de temps au champ.
» Au niveau de la vente de mes produits agricoles aux marchés, il y a moins de clients et clientes, et les gens s’empressent pour acheter. En conséquence, il reste toujours une partie que je n’arrive pas à écouler ou que j’écoule à crédit.
» Cependant, le projet PROMAVI a continué de nous donner beaucoup de travail pendant cette période ce qui est positif! J’aimerais que l’on puisse trouver un endroit précis ou une institution qui pourrait acheter nos productions pour nous éviter d’aller dans les rassemblements au marché. Je suis fière d’être agricultrice, parce que l’agriculture c’est la base et elle nous donne à manger. Je la considère comme une « pièce maîtresse » du pays. »

Ambroise Assigname

Ambroise est acteur de changement et bénéficiaire de l’appui de notre partenaire ALDIPE au Bénin. Ambroise est producteur de maïs à Yokon au Bénin depuis vingt ans et exerce ce métier pour parvenir aux besoins de sa famille et ceux de la population. Il nous partage l’impact de la COVID-19 sur sa vie et ses activités.
« Depuis l’apparition du COVID-19 le gouvernement de mon pays a pris des mesures préventives dont la mise en place du cordon sanitaire et la limitation des déplacements afin d’éviter la propagation de ce virus. Ceci a eu un impact important sur nos activités, notamment sur le prix de tous les produits de première nécessité et la mévente.
» En ma qualité de producteur, je stocke et conserve mes produits agricoles afin de les mettre sur nos différents marchés en période de soudure. L’obstacle le plus important dans l’exercice de mon métier est la rareté des pluies qui modifie le calendrier agricole. Mais en revanche à la fin des grandes campagnes agricoles, j’obtiens de bon rendement et le sourire revient aux lèvres grâce à l’appui technique des agents vulgarisateurs de l’ONG-ALDIPE.
» Nous ne savons pas ce que cette année nous donnera avec l’interdiction des réunions de formation mais nous gardons l’espoir. »

Nuri Maguiña Ropon

Nuri est actrice de changement participante à notre projet FORMAGRO au Pérou. Nuri est spécialiste en développement commercial chez Formagro à Ancash. Elle nous partage l’impact de la COVID-19 sur sa vie et ses activités.
« L’arrivée de cette crise sanitaire a été surprenante. Cela a complètement paralysé nos activités sur le terrain et nous a obligés à innover notre stratégie de soutien technique, qui est l’une des principales activités d’échange avec les familles participant à FORMAGRO à Ancash.
» Nous nous sommes tournés vers les accompagnements virtuels avec les appels téléphoniques et l’utilisation de l’application WhatsApp. Bien que ce ne soit pas la même chose que l’accompagnement en face à face, nous essayons de ne pas nous déconnecter des situations que traversent les entreprises familiales et collectives et nous proposons des solutions pour les aider à la fois dans leur production, leur transformation et leur commercialisation.
Beaucoup d’entrepreneurs décapitalisent en raison du manque de marchés ou de l’autoconsommation. Cela génère de l’impuissance, sans pouvoir faire grand-chose dans l’articulation commerciale, puisque les marchés ne fonctionnent pas comme avant la COVID-19. »

SUCO accompagne des personnes comme Daysa, Lucie, Ambroise et Nuri pour renforcer leurs capacités d’action et celle de leur collectivité en vue d’améliorer leurs conditions sociales, économiques et environnementales. Pour soutenir des acteurs et actrices de changement comme eux, vous pouvez faire un don à ce lien.


Renseignements supplémentaires

Émilie Thierry
Chargée de projet, collecte de fonds
emiliethierry@suco.org