SUCO à la COP28

Par Maureen Ogeard, chargée de projet – programmation nationale

La COP28 s’est tenue à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis, du 30 novembre au 13 décembre 2023. SUCO était sur place avec une délégation de 3 personnes composée de Djibril Niang, Directeur exécutif de Jeunes volontaires pour l’environnement Sénégal (à droite sur la photo), Sena Adessou, Secrétaire général d’Inades formation Côte d’Ivoire (à gauche) et moi-même, Maureen Ogeard, Chargée de projet – programmation nationale (au centre).

Comment résumer ces deux semaines intenses de rencontres et négociations ?

La COP des paradoxes

Un mot est probablement ressorti tout au long de cette COP28 : PARADOXE. Car oui, la COP28 était bien celle de tous les paradoxes ! Présidée par le Sultan Al Jaber, PDG de la compagnie pétrolière nationale des Émirats, elle a été marquée par de nombreuses controverses.

« Il n’existe aucune science ni aucun scénario qui affirme que l’élimination progressive des combustibles fossiles permettra d’atteindre [la cible de] 1,5 °C » a ainsi déclaré le Sultan en marge de la COP, le 21 novembre dernier.

Malgré tout, la COP28 a commencé fort en adoptant, dès le premier jour, la mise en œuvre du fonds destiné à financer « les pertes et dommages » climatiques des pays vulnérables, un point de plaidoyer qui était notamment porté par notre partenaire JVE Sénégal (plaidoyer à retrouver sur le site de l’AQOCI).

« Les communautés insulaires avec lesquelles nous travaillons sont des personnes qui ne voient pas l’argent du développement, souffrent des effets des changements climatiques alors qu’elles n’en sont pas responsables. Nous sommes venus dire aux pays les plus développés que les personnes des pays en développement ne demandent pas l’aumône. Mais une juste réparation, une justice climatique » – Djibril Niang, Directeur exécutif de Jeunes volontaires pour l’environnement Sénégal

Par la suite, elle a également permis la signature par plus de 150 pays d’un appel à l’action pour transformer nos systèmes alimentaires et s’est finalement clôturée par un texte mentionnant pour la première fois les énergies fossiles. Une avancée certaine mais insuffisante.

La société civile en action

Tout au long des négociations, la société civile a été au rendez-vous. Notre délégation a enchaîné les rencontres, les entrevues et les événements parallèles.

Parmi les temps forts, notons par exemple, qu’une entrevue a été réalisée avec le Ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, Steven Guilbeault, et qu’un événement a été organisé au Pavillon du Canada sur « les perspectives des groupes autochtones et du Sud sur les enjeux de la COP28 et le rôle du Canada ».

Nous avons également pris part à la grande marche organisée le 9 décembre aux côtés d’autres organisations féministes et environnementales.

Plus de place pour les communautés autochtones

Cette COP a été marquée par une belle représentation des communautés autochtones et nous nous devons de saluer leur engagement.

« Les changements climatiques n’ont pas été causés directement par nous, peuples autochtones, mais ils nous affectent directement » – Extrait du panel organisé lors de la journée du leadership climatique autochtone qui s’est tenue au Pavillon du Canada le 4 décembre 2023.

Une entrée timide des systèmes alimentaires dans les questions climatiques

Alors que la COP27 a ouvert la voie avec l’annonce de l’initiative Food and Agriculture for Sustainable Transformation (FAST), les questions relatives aux systèmes alimentaires et à notre agriculture ont pris peu de place dans les discussions de cette COP28.

Les agriculteurs, les agricultrices, les paysannes et les paysans doivent être remis au centre des discussions climatiques. Rappelons que 23 à 42 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont liées aux systèmes alimentaires industriels. Il est donc indispensable de cibler l’agriculture pour mener à bien la transition. Par ailleurs, cette COP a mis de l’avant les questions de finance, et notamment le fait qu’aujourd’hui encore, seulement 0,3 % des fonds climatiques se rendent jusqu’aux populations locales lorsqu’il est question d’agriculture. Avec aussi peu de ressources financières pour les populations locales, il est difficile de mener des changements majeurs dans le secteur agricole.

Le constat est clair : nous n’atteindrons pas l’accord de Paris sans une réforme profonde de nos systèmes alimentaires.

« Il est essentiel de travailler sur l’agroécologie, qui est un modèle de diversification de la biodiversité, un modèle de durabilité de la production agricole. Un modèle qui garantit le stockage du CO2 dans l’atmosphère » – Sena Adessou, Secrétaire général d’Inades formation Côte d’Ivoire

SUCO et ses partenaires

Nous avons également eu la chance d’y croiser de nombreux partenaires dont l’ONG APIL, Afrique Verte, WEP Burkina Faso, Enda Pronat et bien plus !

Vers la COP30

Participer à ce type de conférence est une chance extraordinaire de faire entendre nos voix, porter nos plaidoyer à l’échelle supranationale et renforcer nos liens avec la société civile qu’elle soit québécoise, canadienne ou internationale. Je suis personnellement très fière du travail que nous avons accompli durant ces deux semaines.

Nos efforts se tournent maintenant vers la COP30 qui sera organisée à Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre 2025. Un collectif COP30 composé de nombreux membres de la société civile internationale est déjà en action !